Il y a toujours deux façons d’appréhender les campagnes électorales. Pour beaucoup, elles représentent une corvée par laquelle il faut malheureusement passer, pour moi elles constituent au contraire un beau moment d’écoute et d’échange avec nos concitoyens.
Certes il faut se lever encore plus tôt, courir d’hôtel en hôtel, de réunions en réunions, la famille manque, le temps file à deux cents à l’heure au contact des candidats, des militants et des curieux, rencontrés au hasard des itinéraires. Mais que de moments intenses, de rencontres fécondes, de témoignages utiles. Alors, c’est vrai, pourquoi le cacher, j’ai toujours le même sentiment, celui de renaître en campagne !
C’est un combat, mais un beau combat. Celui de convaincre, celui de faire partager un idéal et de rendre l’espoir. Il passe par l’écoute, l’analyse, l’échange, tout ce qui permet d’enrichir, de conforter, mais aussi parfois d’ajuster voire recadrer notre discours et nos propositions.
A chaque « tour de France » (le référendum de 2005, la précampagne présidentielle, cette campagne européenne maintenant), je perçois la même unité profonde de la France. Car derrière la diversité des paysages, des terroirs, il y a vraiment un peuple français très homogène dans son approche des choses, j’oserai dire dans son exception.
Les éleveurs de Poligny, dans le Doubs, qui produisent le comté, m’ont parlé de la même façon que les vignerons des environs de Narbonne. Les syndicalistes FO de Perpignan partagent la même inquiétude que ceux de Bierne que j’ai rencontrés jeudi près de Dunkerque.
Les étudiants de Sciences Po Lille qui m’ont reçu ressemblaient comme deux gouttes d’eau à ceux de l’école de commerce de Toulouse, il y a deux mois.
Certes, me diront certains, les différences ne sont plus locales mais sociales. C’était vrai, cela l’est de moins en moins, à mesure que des franges de plus en plus nombreuses de la société françaises sont rejetées dans l’incertitude et la précarité par la loi du « toujours plus d’effort pour toujours moins de revenu » d’un certain libéralisme. Car s’il y a quelques années, la France branchée sur le monde croyait profiter de la mondialisation, elle s’aperçoit aujourd’hui qu’elle n’est plus à l’abri de ses désordres et injustices.
C’est ce qui explique sans doute pourquoi notre discours, prêché autrefois dans le désert reconnaissons-le, rencontre de plus en plus d’écho.
Mais ces campagnes de terrain ne pourraient pas avoir lieu sans le dévouement exceptionnel de ces militants de l’ombre qui, dans presque tous les départements, nous aident. Si aujourd’hui Debout la République commence à prendre de l’ampleur, c’est avant tout grâce à leur ténacité.
NDA